The Barber’s Ferry

Notes on Wolfram Eilenberger, Zeit der Zauberer, Das großte Jahrzehnt der Philosophie 1919-1929: 

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https://en.m.wikipedia.org/wiki/Barber_paradox

Reading Eilenberger’s Zeit der Zauberer. In the chapter on the vagaries of the lives of Wittgenstein, Benjamin, Heidegger and Cassirer in 1919, there’s not a single ref to the Kansas aka Spanish influenza, whence 2 1/2 times more died than in WW1.

Heidegger’s and Derrida’s rhetoric is a classic self-conscious case of the very undeterminacy thet invoke, carefully constructed word games, verbal traps which “capture” thought and thus are persuasive of the assertion that all language is a trap. Thisxrhetoric is itself a trap.

There is something of “wokeness” about Heidegger’s conviction that he was erwacht.

Heidegger compared to Wittgenstein (104-105)

“War ist, Cassirer hat eine tiefe Verankerung in die Kultur der universitäten Phlosophie nie als Eischränkung oder gar entfremdende Verstelleng empfunden” (p  125).

Das zentrale gedanke von Cassirers Projekt besteht in eer Tat in der Einsicht, dass das, was wir den “menschlichen Geist” nennen, “erst in seiner Außerung zu seiner wahrhaften und vollkommenen Innenlichkeit gelangt. Die Form, die sich da Innere gibt, steimmt auch rückwirkend sein Wesen une seinen Gehalt” (p 128). // The central idea of Cassirer’s project is in fact the insight that what we call the “human spirit” “only comes to its true and perfect interiority when it is expressed. The form that is given inside also retroactively changes its essence and content “(p 128). 

Nicht unser geist richtet sich demnach nach den Gesetzen der Dinge, sondern die Dinge sich nach den Gesetzen unseres Geistes (p 129). / Accordingly, it is not our minds that follow the laws of things, but things that follow the laws of our minds (p 129).

Cassirer nennt diese angenomne Form am Grunde aller Sprachen die “reine Sprachform” (p 134 – viz Chomsky)…. Als Cassirer sich tiefer und tiefer in die vorliegenden sprachwissenschaftlichen Studieum vertieft wird ihm die tragende Grundannnahme seines Projeks zweifelhaft (p 134).

On November 8, 1923, things came to a head in Munich’s Bürgerbräukeller when Adolf Hitler, protected by a large shock troop of his AS militia, interrupted a speech of von Kahr’s by firing a shot into the ceiling, forcing him to flee the hall, and—following the glorious example of Mussolini and his Fascist movement in Italy—called on the crowd to “march on the capital” the next day.

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What the philosopher Cassirer wanted: Cast off your anxiety as creative cultural beings, liberate yourself from your original constraints and limitations.

What the philosopher Cassirer wanted: Cast off your anxiety as creative cultural beings, liberate yourself from your original constraints and limitations.

— Eilenberger, p 333

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https://www.ft.com/content/9db1fbc4-1bc2-11e3-94a3-00144feab7de

https://www.ft.com/content/9db1fbc4-1bc2-11e3-94a3-00144feab7de

 

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Time of the Magicians by Wolfram Eilenberger review – philosophy’s great decade?

Time of the Magicians by Wolfram Eilenberger review – philosophy’s great decade?

Notes sur Roger Dorsinville (le 3 décembre 2020)

Réponses à un questionnaire qui m’a été proposé par une jeune doctorante en France

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Comment avez-vous rencontré Max Dorsinville ?

J’ai rencontré Max aux années soixante-dix à Montréal, où je vivais 1972-78, J’avais fait paraître un compte-rendu dans la Revue Canadienne de Littérature Comparée de son premier livre académique, Caliban without Prospero: Quebec and Black Literature. Aux annees soixantes, Max avait matriculé en littérature comparée à l’Université de Sherbrooke (Québec) et on partageait des amis qui avaient fait cette même école. Ils me l’ont présenté et on a lié amitié.

On se prenait tous les deux pour des débutants dans un nouveau domaine qui voyait alors jour, celui des litteratures dites du Tiers monde. Quinze ans plus tard, en 1989, j’ai fait encore une recension d’un de ses livres dans laquelle j’ai discuté l’importance de ce concept à ce moment maintenant révolu (https://www.jstor.org/stable/3819188?seq=1).

Est-ce en Haïti que vous avez, grâce à son entremise, rencontré Roger Dorsinville ? Sur quoi avez-vous travaillé avec lui ?

À ce moment, vers 1989, je ne savais pas qui était Roger Dorsinville, tout en l’ayant croisé en 1968 en Afrique. Mes propres recherches s’étaient dirigées vers les littératures en langues créoles (Entwisted Tongues: Comparative Creole Literatures), et vers cette fin j’avais entamé des brefs séjours de recherche en pays créolophones : le Cap vert, la Guyane et les Antilles françaises, Curaçao, parmi d’autres. Haïti naturellement figurait sur la liste de mes escales et Max, qui était sur le point d’assumer le rôle d’exécuteur littéraire de l’oeuvre de Roger, m’avait préparé une lettre d’introduction à Roger comme contact essentiel pour ma visite en Haïti. 

Une fois sur place à Port-au-Prince, j’ai tout de suite contacté Roger qui m’a proposé un guide personnel et des rencontres avec des gens dans le monde littéraire, dont je n’ai pas profité pleinement, faute de temps et grâce à des difficultés pratiques.

J’ai décrit cette expérience dans “The Rule of François Duvalier in Two Novels by Roger Dorsinville”

(http://ile-en-ile.org/roger-dorsinville-preface/)

I was fortunate enough to meet Roger Dorsinville twice. The last time was in 1989 on the verandah of his home halfway up the hills above Port-au-Prince, symbolically sited, one might say, midway from the slums and Presidential Palace in the city itself, and the alarm-protected, air-conditioned, bougainvillea-breezed enclaves of Pétionville. He was already blind and ailing, but remembered in some detail the previous occasion we had met, anonymously on both sides. That was in 1968, at Cuttington College in upcountry Liberia, where he was serving as cultural attaché, and was the active proponent of the « tribal » cultures of the Americo-Liberian colony. He was in his prime, robust, articulate, generous, and just slightly mocking of the jejune academic I was. I had no idea he bore within the wounds of his idealistic past in Haiti, nor the seeds of his spiritual, literary self-healing. Two different qualities of light, both of which glow through the novels before you.

Pour préciser, j’avais passé 1967-1969 au Libéria dans un stage genre Peace Corps à l’époque où Roger y était.  Puisque j’y enseignais le français —  c’était au Cuttington College — je comptais parmi mes fréquences un certain Julien Lafontant, directeur de notre tout petit département de français (qui consistait de lui et moi). On avait l’habitude de prendre un cocktail ensemble pour causer un peu français et à une de ces occasions, “son vieil ami” Roger était à la maison dans la brousse de Libéria.

Julien a passé l’arme à gauche en 2013 après avoir fait carrière honorable aux EU (https://www.gracefuneralchapels.com/obituaries/Julien-Lafontant-9612/ /// https://unothegateway.com/uno-prof-lafontant-not-afraid-to-speak-his-mind/). 

Ils était tous les deux de grands hommes, mais aussi des hommes grands. Ils s’étaient connus pendant leur jeunesse, possiblement au service millitaire, et moi, à l’âge de 23, quelque peu intimidé, j’ai retenu dans ma mémoire leur co-présence amicale, pleine de reparties, méme un tantinet moqueuse, sans savoir l’avenir littéraire de Roger, ni le mien.

En 1989, sur son verandah en Haïti, j’ai rappelé l’occasion à Roger, un peu tentativement car je n’étais pas certain de l’avoir bien placé. Lui était quasiment aveugle, mais, après quelques instants en fouillant dans son mémoire, il m’a fixé de ses yeux glauques et m’a rassuré : “je vous voie bien, vous êtes le petit blanc de chez Julien”

Cela dit, étant donné son état physique affailbli et le fait que je m’intéressais surtout au Kreyòl, notre contact était surtout social. Ce n’est que en 1992 que j’ai découvert les oeuvres romanesques de Roger, toujours à partir du projet de Max.

Savez-vous ce qu’il est advenu des archives personnelles de Roger Dorsinville, que Jean-Jacques Mandel avait fait rapatrier en Haïti  pour lui ?

Malheureusement, je n’ai aucune idée. Il se peut que la veuve de Max, Marielle Dorsinville, y connaisse quelque chose. Je n’ai pas d’adresse pour elle mais je tâche de la retrouver par l’intermédiaire des amis à Montréal.

Notes 

Primer of Haitian Literature in Kreyòl. Research in African Literatures, 35.2, pp.128-140.

Review of Solidarités: Tiers-monde et littérature comparée, Max Dorsinville. Research in African Literatures, 20.3, pp. 526-28. https://www.jstor.org/stable/3819188?seq=1

Preface to The Rule of François (“Papa Doc”) Duvalier in Two Novels by Roger Dorsinville: Realism and Magic Realism in Haiti. Max Dorsinville. Lewiston, N.Y.: Mellen Press, pp. v-viii. http://ile-en-ile.org/roger-dorsinville-preface/#r1′

Islands, Enclaves, Continua: Notes toward a Comparative History of Caribbean Creole Literature. In History of Literatures in the Caribbean, A. James Arnold, ed.  Amsterdam: John Benjamins, pp. 29-56.

Two-Faced Literatures: A Caribbean Creole Dilemma. In Latin America as Its Literature, M.E. de Valdés, M. Valdés, R.A. Young, eds. Council on National Literatures World Report Vol. VIII. Whitestone, N.Y.: Council on National Literatures, pp. 188-201.

Remembering Roger Dorsinville. Research in African Literatures, 25.3 (Fall),  pp. 171-175 [collaboration with Max Dorsinville, and translation]. https://www.jstor.org/stable/3819853?seq=1

Literary Aspects of Creole Bibles, with Particular Reference to the Haitian Bib la. In Semper Aliquid Novi: Mélanges offerts à Albert Gérard, Littérature Comparée et Littératures d’Afrique, Alain Ricard et János Riesz, eds. Tübingen: Gunter Narr Verlag, pp. 123-130.

La Fontaine Transmogrified: Creole Proverbs and the Cric? Cric! of Georges Sylvain. The French Review, 63.4, pp. 679-693.

Review of Pays natal, Max Dorsinville. Canadian Review of Comparative Literature, 14.2, pp. 326-329.

Review of Caliban Without Prospero,  Max Dorsinville. Canadian Review of Comparative Literature, 2.3, pp. 289-94.

Max Dorsinville, RIP

Max Dorsinville

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photo © Marielle Dorsinville

Sainte-Luce (Martinique),  janvier 2007

Max Dorsinville est né le 30 janvier 1943 à Port-au-Prince (Haïti) dans une famille littéraire ; son oncle, Roger Dorsinville, était un romancier et un chroniqueur prolifique dont Max Dorsinville traduira quatre livres en anglais et éditera deux autres, en français, après la mort de son oncle. Max Dorsinville fait ses études primaires à Port-au-Prince au Petit Séminaire du Collège St-Martial sous la tutelle de prêtres français. Il quitte Haïti en 1954 lorsque son père est nommé ambassadeur au sein de la mission haïtienne aux Nations Unies. De 1954 à 1960 il fait ses études secondaires au Collège de Saint-Laurent, à Montréal, un pensionnat dirigé par les Pères de Sainte-Croix. De 1960 à 1968 il étudie à l’Université de Sherbrooke dont il obtient un baccalauréat, en 1966, et une maîtrise ès arts en littérature canadienne comparée, en 1968. Il reçoit un doctorat en littérature comparée de la City University of New York en 1972. Il est professeur au département d’anglais de l’Université McGill de 1970 à 2006 et Directeur, de 1975 à 1980, du Centre d’études canadiennes-françaises. Directeur littéraire des Éditions Mémoire d’encrier, à Montréal, depuis 2006, il est aussi consultant au CIDIHCA (Centre International de Documentation et d’Information Haïtiennes, Caribéennes et Afro-Canadiennes).

Dorsinville écrit : « Si je devais décrire de façon générale mes intérêts en littérature… académique et non-académique, ils regrouperaient ce que j’appelle la « littérature mémorielle » : le genre de littérature qui témoigne de la vie et de l’époque d’un auteur, comme on peut le voir dans l’œuvre de Roger Dorsinville et celle de mon père, Max H., qui laisse une documentation abondante sur le mouvement de la décolonisation en Afrique qu’il vécut de première main… et, aussi, mon propre travail de création littéraire ».

Les livres rédigés par Max Dorsinville incluent un roman en versions française et anglaise, chacune portant un titre radicalement différent : James Wait et les lunettes noires (1995), et Erzulie Loves Shango (1998). Dans sa version double, ce roman est au centre de la réflexion qui suit sur l’œuvre de Max Dorsinville. James Wait/ Erzulie a pour sujet les rencontres entre blancs et noirs au Québec, à Coolbrook, une ville fictive que les lecteurs peuvent facilement associer à Sherbrooke. Il poursuit dans la fiction ce que Dorsinville explore dans ses recherches académiques : les ressemblances entre la culture et la littérature canadiennes-françaises et noires.

Dans l’introduction à son essai Caliban Without Prospero, Dorsinville affirme que « l’identité québécoise émergente des années cinquante et soixante établit des parallèles précis entre son expérience sociale et celle des noirs aux États-Unis et en Afrique ». Soucieux d’adapter la rencontre entre Caliban et Prospero comme un paradigme dans son essai, Dorsinville met l’accent sur l’identité entre les deux pôles qui s’ensuit de cette rencontre. Un constat – qui pourrait servir à analyser James Wait/ Erzulie – est que « L’antithèse entre Caliban et Prospero est la division ultime que chaque individu porte en lui-même. À la fin de La Tempête, la bienveillance en contrepoint de Prospero vis-à-vis de Caliban (qui a tenté de le tuer) sous-entend la reconnaissance de la part de Prospero que l’ « esclave empoisonné », fils du diable et d’une sorcière, est en vérité le versant sombre de son être occulté aussi longtemps qu’il se percevait comme un métropolitain, et qu’il assume durant son séjour dans les ténèbres insulaires à pratiquer la sorcellerie ». Il n’est pas non plus fortuit que Dorsinville signale au lecteur la présence de ce que le roman, en quatrième de couverture, caractérise comme son aspect carnavalesque : « Erzulie Loves Shango est une histoire à plusieurs niveaux racontée sous la forme masquée du carnaval. Rien n’est ce qu’il semble être. Rien ne reste semblable ». Voilà une façon elliptique de sous-entendre que la structure et les thèmes du roman ressemblent à ceux de La Tempête.

Le fardeau de la race, entendu globalement, est le thème principal de James Wait/ Erzulie. Le drame au centre de l’intrigue est accentué par son cadre : la ville fictive de Coolbrook dans les Cantons de l’Est au Québec durant les années soixante. Une époque où, selon le roman, les blancs canadiens-français comprenaient l’identité noire selon des stéréotypes sexuels grossiers répercutés pendant plusieurs siècles pour justifier le traitement inhumain des noirs par des blancs. Dans ce roman, les « deux solitudes » ne sont pas canadienne-française et anglaise, mais noire et blanche. D’une part, l’opposition de la communauté aux deux co-protagonistes (Denise, la Canadienne-française, et James Wait, l’Américain noir) est le véhicule de l’intrigue. Mais Denise, en fin de compte, échoue à surmonter les attitudes bourgeoises conformistes et les aspirations sociales. D’autre part, l’intrigue secondaire concernant l’étudiant et Bonbon, le mulâtre/noir/Don Juan – tous deux Haïtiens – est la source de vignettes par lesquelles le lecteur observe les valeurs et les besoins qui déterminent le comportement des blancs de Coolbrook avec les noirs.

Chaque personnage du roman est victime du racisme, et chacun le pratique à sa façon. Quel que soit le mérite de Denise à se distinguer des autres personnages blancs en essayant de comprendre et de réconcilier les races, elle est pourtant attirée au départ par James parce qu’elle est dégoûtée par les mœurs pénibles et hypocrites de sa société bourgeoise. Même si le roman laisse entendre qu’elle aspire à une forme de renaissance par l’entremise de James – qu’elle associe à la force revitalisante de la nature – l’attirance qu’elle éprouve pour lui est en partie pour épater les bourgeois. Il en est ainsi, même si le narrateur s’évertue à nous convaincre de l’amour de Denise pour la nature, de sa curiosité et de son ouverture aux Autres. Qui plus est, elle transforme James en objet de la nature – une bonne intention, nul doute, si le but recherché est de le contraster avec sa propre communauté défraîchie. Mais, dans la mesure où elle cherche en lui l’évasion de sa prison bourgeoise, le lecteur se rappelle de la vogue pour le primitivisme des années 1920 qui soutenait que les peuples bruns et noirs pratiquaient une sexualité débridée et se comportaient comme des enfants dans la société occidentale. Leur ontologie, selon cette ligne de pensée, les empêchait d’être contaminés par les névroses de la société occidentale. Par conséquent, plusieurs croyaient que ces « primitifs » seraient les sauveurs de la société occidentale. Pendant un certain temps, des éditeurs américains mirent de la pression sur leurs auteurs noirs pour développer des personnages selon cette formule, et plusieurs – Claude McKay, Zora Neale Hurston, Arna Bontemps, et même Langston Hughes – y donnèrent suite.

James est profondément blessé par le racisme. Il a séjourné en France avec le 82e Bataillon aéroporté, et il est un vétéran du Vietnam qui se tourne vers le baseball parce qu’il est incapable de trouver un emploi convenable aux États-Unis; ceci étant dû à sa couleur de peau. À cause de son âge (et peut-être de sa couleur de peau) aucune des ligues majeures ne l’engage. Il accepte une offre de jouer dans une équipe de ligue mineure à Coolbrook (une aubaine pour l’équipe et ses bâilleurs de fonds, nous dit-on, puisqu’il est leur joueur-vedette mais chichement rémunéré). James conçoit son arrivée à Coolbrook comme une évasion du racisme enduré aux États-Unis et de son existence dans le ghetto de Bedford-Stuyvesant à Brooklyn. Il exprime un mépris démesuré pour ses parents et ses amis noirs, eux aussi victimes du racisme, à tel point que le lecteur se demande s’il ne projette pas son ambivalence amour-haine sur eux :

Il pouvait difficilement s’empêcher de haïr sa famille et de penser à une seule chose : comment fuir le ghetto, fuir les junkies, les foules sur les trottoirs le samedi soir en face de quelque bouge, les gars qui se défrisaient les cheveux et les tenaient en place avec des filets, des bas grossiers ou des petits chapeaux sans rebords. Passant près d’eux, il hurlait presque, utilisant leur langue : « Des nègres c’est ce que vous êtes et resterez… dans cette merde puante que vous vous concoctée ! Réveillez-vous, mes frères, réveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard ! Prenez-moi… Je ne resterai pas ici. Je ne vais pas rater ma vie à rester ici. Comprenez ? Je n’ai pas été en Europe et en Asie pour finir avec vous, plongé dans votre merde ! (151)

La réaction de James à la tentative initiale de Denise de le connaître révèle une peur profonde et une méfiance de la race blanche. Il explique constamment pourquoi une union avec Denise n’aurait aucun avenir – l’hostilité de sa famille et de sa communauté envers elle serait insoutenable, dit-il – le lecteur comprend facilement qu’il joue un rôle significatif dans la fin de leur liaison. De plus, il est conscient de la malveillance et, à l’occasion, de la violence physique à laquelle il est exposé ; cette violence que les blancs réservent aux noirs qui fréquentent les femmes blanches. Les derniers mots prononcés dans le roman lui appartiennent, même si les dernières pensées sont celles de Denise. Denise, qui vit finalement à Dakar avec le mari que ses parents avaient souhaité pour elle, se rappelle de ses paroles juxtaposées à la réception hostile que ses parents lui réservèrent : « Ça n’ira pas. J’ai essayé de te le dire. Tu ne comprends pas ? J’ai essayé de te faire comprendre. Je pense que tu comprends, non ? ». De façon délibérée ou par inadvertance, James Wait se démarque comme une figure solitaire et triste, piégé et handicapé par le racisme qu’il pensait fuir en se rendant au Canada.

Les stratégies qu’utilise Dorsinville pour raconter l’histoire et approfondir sa signification réussissent bien. Par exemple, l’usage qu’il fait des lunettes noires comme symbole est, tel que noté par Joël Des Rosiers, très efficace. Les résidents de Coolbrook fixent James derrière leurs lunettes noires. La noirceur veut dire ici non seulement une vision déréglée mais aussi le refus de connaître. Bref, les résidents de Coolbrook désirent préserver leurs stéréotypes sur ce qu’ils pensent des noirs et des rôles qu’ils devraient remplir, c’est-à-dire, des sous-humains à l’appétit sexuel débridé. Des personnages comme Bonbon exploitent un tel préjugé.

Essentiellement, l’histoire est racontée sous forme de flashback. Dorsinville voulait insuffler une structure carnavalesque dans son roman, insistant sur le déguisement (dépeignant le comportement calculateur des personnages) et le démasquage (révélant les pensées des personnages contredisant leur comportement). Pour ceci, il fallait un narrateur omniscient. Selon Marie-Thérèse Blanc : « Le roman de Dorsinville a un intérêt particulier puisqu’il est situé au Québec, où le sujet des tensions raciales entre blancs et noirs n’a pas été abordé par grand nombre d’auteurs ». Marie-Thérèse Blanc laisse comprendre de façon implicite pourquoi le roman de Dorsinville a été ignoré tandis que celui de Dany Laferrière, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, a été amplement commenté. Selon elle, Laferrière adoucit son message en utilisant l’humour et, par conséquent, « n’aliène pas ses lecteurs québécois » ; tandis que Dorsinville « fait usage d’une voix plus traditionnelle et sobre ». Ce qu’elle évite de dire c’est que les lecteurs québécois et l’institution littéraire québécoise ont « puni » Dorsinville parce qu’il leur a présenté des vérités qu’ils préféraient ne pas voir. Marie-Thérèse Blanc cible presque exclusivement la thématique des relations raciales dans le roman, et à l’extérieur du roman, entre noirs et blancs, et parmi les noirs mêmes. Outre le mérite qu’elle attribue au roman pour son exploration des relations raciales, elle complimente Dorsinville pour la représentation qu’il fait de l’amour entre James Wait et Denise Dupuis dans la mesure où elle concerne la description d’une relation mutuellement respectueuse qui transcende la race.

Alors que Caliban Without Prospero de Max Dorsinville a été largement cité – comme, par exemple, par Ashcroft, Griffiths et Tiffin dans The Empire Writes Back (1989) – (et, parfois, j’ajouterai, sans lui donner le crédit qui lui revient), sa fiction reste cependant inconnue, en général.

– H. Nigel Thomas

Max Dorsinville meurt chez lui à Montréal des suites d’une crise cardiaque le 15 avril 2020. Professeur, critique, romancier, traducteur et essayiste, il nous quitte en laissant ses écrits à la postérité et, sur Île en île, les traces d’une collaboration fructueuse, notamment pour la présentation de l’oeuvre de son oncle Roger Dorsinville.

Insight into Flight

It’s been forty years or so since I have gone so long without taking a single flight.

Having habitually complained about flying, especially in the years I was virtually commuting between Ottawa and Orange County, I was surprised when I realized that I can’t wait to take another flight, preferably somewhere far away.

On the point of aviation, here is a blog about my love for the  Cessna: https://alteritas.net/GXL/?p=4228

Today’s Latin Lesson

This tweet of mine unexpctedly opened up the meditation on US politics which follows it:

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Friendly, unsolicited advice to Republicans in search of solutions to their poor, bedraggled (driven through the mud) party or, alternatively, toward founding a new center-right one:

Go back to the basics.

You likely aspire after RES PUBLICA, a “public thing” – a govt answering to its franchised citizens.

You probably do not think that the DEMOS, the People, especially a people composed of multiple conflicting identities, should rule. That would be DEMOCRACY.

Obviously, the question of citizenship, more precisely who is franchised, must be defined. My advice would be to expand the franchise to as many as possible. Short of genocide, white people, those who consider themselves such, will become a minority almost everywhere in the US.